Le leadership confronté à la ménopause : détection, impact et réappropriation

Dans un monde où les femmes leaders sont célébrées pour leur performance, leur énergie et leur résilience, il existe une transition souvent ignorée : la (pré)ménopause. Pourtant, elle touche des femmes au sommet de leur carrière et dans leur vie personnelle. Souvent vécue en silence, minimisée ou mal diagnostiquée, elle révèle beaucoup de nos tabous collectifs et offre aussi une incroyable opportunité de transformation.

Cet article puise dans les dernières recherches internationales, même celles encore méconnues en France, pour proposer une lecture sociologique, professionnelle et spirituelle de cette phase de vie.

1. Définition et signes identifiables de la (pré)ménopause

Portait de femme blonde qui pose la main sur son torse

La périménopause, phase précédant la ménopause, débute souvent dès la quarantaine et peut durer plusieurs années. Selon une étude australienne récente, 37,3 % des femmes en fin de périménopause rapportent des symptômes vasomoteurs modérés à sévères, soit cinq fois plus que chez les pré-ménopausées(1).

Ces femmes ressentent souvent :

·       des bouffées de chaleur,

·       une fatigue persistante,

·       des troubles cognitifs, anxiété, troubles de l’humeur ou « brouillard mental »

·       des insomnies, prise de poids abdominale, chute des cheveux

Une majorité près de 90 % se déclarent insuffisamment informées sur cette transition (3)

2. Impact sur les femmes leaders en entreprise et dans la vie personnelle

Selon une vaste enquête mondiale menée par Korn Ferry avec Vira Health auprès de plus de 8 000 femmes, près de 47 % déclarent que leurs symptômes perturbent leur performance au travail, et 40 % rapportent six symptômes ou plus affectant leur efficacité, sans soutien adéquat des employeurs (3)

Une autre étude de Stanford révèle une baisse significative des revenus chez les femmes en phase de ménopause(5)

Une recherche auprès de dirigeantes universitaires montre que l’insomnie, les bouffées de chaleur, l’anxiété et les troubles de concentration ont un impact clair sur leur capacité à tenir des responsabilités élevées (5)

Aux États‑Unis, 40 % des femmes estiment que la ménopause les désavantage au travail, et un nombre important s’inquiète de l’âgisme ou de la discrimination liée à cette transition (6)

En Inde, le phénomène appelé "menopenalisation" décrit un marché du travail qui dévalue la femme à l’approche de la cinquantaine, même lorsqu’elle est créative, productive ou en pleine ascension (7)

Curieusement, une expérience répliquée en psychologie sociale montre que déclarer ses symptômes comme liés à la ménopause améliore la perception de capacité de leadership, contrairement à des symptômes jugés sans cause (10)

3. Vision spirituelle et anthropologique : la ménopause comme initiation

Et si ce que l’Occident appelle “fin de la fertilité” était en réalité le commencement d’une autre forme de fécondité ?
Celle du sens, de la parole, du discernement.
Celle de la reliance à l’essentiel, à l’intuition, à l’âme.

Dans nombre de cultures traditionnelles, la ménopause est envisagée comme un rite de passage, une transformation intérieure qui fait de la femme une sage, une guide, une conseillère.

🔹 Au Japon, la ménopause est nommée kōnenki — littéralement, "changement des années", mais aussi renouveau de l’énergie vitale.


🔹 Chez les Amérindiennes, la femme ménopausée devient Gardienne du Feu — celle qui n’a plus besoin de saignement pour être connectée au cycle, car elle porte le feu en elle.


🔹 En Afrique du Nord, cette phase donne à la femme une liberté de parole, une légitimité symbolique que la société reconnaît à celles qui ont traversé les tempêtes du corps.

Et vous, comment vivez-vous cette transition ?

Femme noire qui souri et ferme les yeux

·       Est-ce une période que vous avez préparée ?

·       Vous autorisez-vous à ralentir, à écouter votre corps autrement ?

·       Avez-vous un espace — un cercle, un accompagnement, un rituel — pour déposer ce que vous traversez ?

·       Voyez-vous ces transformations comme un effondrement… ou comme un passage vers une autre version de vous-même ?

·       Quelle relation entretenez-vous avec la transmission : que souhaitez-vous laisser, enseigner, incarner dans ce nouveau cycle de vie ?

Repenser la ménopause comme une initiation

Initiation.
Ce mot, si souvent galvaudé, prend ici un sens profond.
Non pas comme une épreuve punitive, mais comme un appel à redéfinir sa place, ses valeurs, son rythme.

Voici quelques pistes pour celles qui sentent qu’un tournant est là — mais n’ont pas encore trouvé les balises :

COMMENT traverser ce passage avec conscience ?

1.     Créer un rituel de passage personnel
→ Cela peut être une lettre à son ancien corps, une célébration intime ou une retraite symbolique.

Et si vous écriviez à la femme que vous êtes en train de devenir ?

2.     Explorer les pratiques somatiques
→ Revenir au souffle, au mouvement, à l’intelligence du corps pour réguler le système nerveux, soulager les bouffées de chaleur, les insomnies, la nervosité.
🎧 Le Somatic Studio propose justement 4 jours gratuits pour explorer cela en douceur.

3.     S’entourer d’un cercle de femmes
→ La puissance du partage est immense. Entendre d’autres femmes dire : "Moi aussi", "Je vis ça", "Tu n’es pas seule", libère.


Pourquoi ne pas créer votre propre cercle, même en petit comité ?

4.     Transformer le regard sur le "leadership"
→ Et si vous incarniez désormais un leadership plus cyclique, plus enraciné, plus aligné avec vos valeurs profondes ?


Quel type de leader avez-vous envie d’être dans cette nouvelle phase ?

5.     S’inspirer des traditions qui honorent ce passage


→ Lire, écouter, découvrir les récits de femmes dans d’autres cultures, explorer les mythes de la femme sage, de l’initiée, de la prêtresse.


Quels récits nourrissent votre imaginaire au-delà de la norme occidentale ?

La ménopause peut être une voie d’éveil, si on l’accueille non comme un effacement…
mais comme un dévoilement.

Le moment où la performance s’efface un instant, pour laisser place à la présence.
Le moment où l’on ne cherche plus à "prouver", mais à "être".
Le moment où la femme cesse de se battre contre le temps —
et commence à danser avec lui.

Conclusion

La (pré)ménopause est trop souvent négligée au moment même où les femmes détiennent pouvoir, leadership et influence. Ignorer cette réalité, c’est ignorer une facette essentielle de leur existence et de leur contribution.

Et si la transformation hormonale pouvait être vue comme un atout ? Comme un déclencheur de sagesse, de réorientation, de nouvelle autorité ? Comme une initiation lente vers une énergie plus intérieure ?

Ce changement de regard requiert parole, éducation, politique en entreprise et reconnaissance. Il réclame d’être vécu collectivement — plutôt que souffert individuellement.

Bibliographie

  1. ·       “Ignoring hot flushes is wrong”: Monash University, The Lancet Diabetes & Endocrinology, étude AMY, 2025 The Guardian

  2. ·       Switchthefuture.com et UCL (2024) – risque accru des symptômes dépressifs en périménopause SWITCH

  3. ·       Korn Ferry & Vira Health (2023) – enquête globale impact perimenopause au travail kornferry.com+1ChiefExecutive.net+1

  4. ·       Stanford Institute (Persson, 2025) – baisse des revenus liée à la ménopause news.stanford.edu

  5. ·       ResearchGate (2025) – dirigeantes universitaires et symptômes ResearchGate

  6. ·       New York Post / Talker Research (États‑Unis, 2024) – perception au travail NYPost

  7. ·       Guardian / Nilanjana Bhowmick (Mai 2025) – menopenalisation en Inde Journals Lippincott+9The Guardian+9Wikipedia+9

  8. ·       Études sur le kōnenki, Japon – prévalence réduite des symptômes Wikipedia+2Journals Lippincott+2PubMed+2

  9. ·       Mindset Health / recherche culturelle sur le soja, Japon mindsethealth.com

  10. ·       Article sur disclosure de symptômes et leadership SpringerLink+1Wikipedia+1

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